Changements by Paul Watzlawick

Auteur:Paul Watzlawick [Watzlawick, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Psychologie, Sciences
ISBN: 9782020058711
Éditeur: Seuil
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Pratique du changement

Il n’est pas besoin d’esprit créatif

pour déceler une mauvaise solution ;

mais il en faut un pour déceler

une mauvaise question.

ANTONY JAY

Management and Macchiavelli

Dans ce qui précède nous avons établi les principes mis en jeu par la genèse des problèmes et par leur résolution. Il reste à montrer la meilleure manière de les appliquer dans la pratique. Dans ce chapitre, nous nous référerons surtout aux travaux que nous avons effectués au Brief Therapy Center. Notre propos sera donc fortement orienté vers la psychothérapie, mais le lecteur verra que ces applications ont une portée qui dépasse la clinique et la thérapie. De fait, nous estimons que le vaste domaine de la résolution des problèmes s’étend bien au-delà de la clinique, qui en constitue seulement un cas particulier.

Si l’on garde à l’esprit les principes déjà exposés, on est amené, en abordant un problème, à formuler et à appliquer une démarche en quatre temps.

1. Définir clairement le problème en termes concrets.

2. Examiner les solutions déjà essayées.

3. Définir clairement le changement auquel on veut aboutir.

4. Formuler et mettre en œuvre un projet pour effectuer ce changement[v].

En ce qui concerne le premier temps, il est évident qu’un problème ne peut être résolu que s’il s’agit vraiment d’un problème. Nous voulons dire par là que la transposition en termes concrets d’un problème vaguement défini permet d’opérer une distinction capitale entre problème et pseudo-problème. S’il s’agit d’un pseudo-problème, l’élucidation ne produit pas la solution, mais bien la dissolution de la demande. Certainement, il n’est pas pour autant exclu que le sujet reste aux prises avec une difficulté qui n’a pas de solution connue et qu’il doit apprendre à supporter. C’est ainsi qu’aucun individu équilibré ne va essayer de trouver une solution à la mort d’un être cher ou à la peur que provoque un tremblement de terre ; sauf, peut-être, quelques laboratoires pharmaceutiques, qui font passer dans leur publicité le sous-entendu utopique que toute manifestation de trouble émotif est pathologique et peut (donc devrait) être combattue par un médicament (71). Si, par ailleurs, une demande ne relève pas d’un pseudo-problème, la mise en œuvre correcte de ce premier temps fait apparaître le problème en termes aussi concrets que possible, ce qui, évidemment, est nécessaire à la poursuite de sa résolution.

Il y a peu à dire sur le deuxième temps. Dans les chapitres précédents, nous avons étudié comment les problèmes se créent et se maintiennent lorsqu’on applique des mauvaises solutions à une difficulté. L’examen attentif de ces tentatives de solution révèle non seulement quel changement ne doit pas être recherché, mais aussi ce qui sous-tend la situation à changer, et, par conséquent, l’endroit où le changement doit être tenté.

Le troisième temps comporte l’exigence implicite d’un but définissable concrètement et réalisable pratiquement. De ce fait, il établit, pour le sujet en quête de solution, une protection contre le risque d’enchevêtrement dans de mauvaises solutions qui aggraveraient le problème au lieu de le résoudre. Nous avons déjà remarqué que, sous le couvert de thérapie, un but utopique peut devenir l’entité pathologique à résoudre.

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